Chantier Mémoire

Pascal a écrit:ARMENTIU ou Armentieou
Tentative d’historique reprenant mon intervention lors de l’AG en visio du 5 décembre mais aussi l’écrit de Denise et même quelques ajouts.

La grange et l’association d’Armentiu c’est la rencontre d’un homme et des évènements de mai 1968.

Les évènements de 1968 c’est, pour partie, de sortir du carcan d’une société trop rigide et conservatrice dans ses mœurs, son fonctionnement, trop étouffante.

L’homme c’est Claudy BERNARD, aumônier atypique du lycée Montaigne du centre de Bordeaux et du lycée technique(?) sur la rive droite de Bordeaux.

Avec un groupe de 13 autres jeunes adultes il décide d'acheter une grange sur le plateau d'Armentiù, de la restaurer puis d'en faire un lieu géré collectivement, ouvert à toute personne intéressée par ce beau projet et tourné vers un échange et une réflexion sur tous les sujets de société.
1969 fut l’année des grands travaux d’aménagement, l’abaissement du solde la pièce principale, les fenêtres, le plancher, l’amenée de l’eau depuis l’ancien canal etc…
1970 ce fut l’ouverture et l’accueil de tous ceux qui étaient intéressés par la démarche et en juillet se sont succédées des semaines de réflexion et discussions sur des thèmes différents animés par des personnes ressource.
La brochure rouge «Armentieou-Recherche et Communauté – groupe et civilisation – juillet 1970» en témoigne et on y trouve le nom des 90 personnes qui y ont participé !

Devant le succès rencontré, en 1970, on fait tourner le chapeau pour rassembler de quoi financer l'achat de la deuxième grange.(en quelle année?)

L’association, préfigurée dès le début, est officiellement créée en 1971, dénommée "Armentiéou, recherche et communauté". Elle a pour buts de susciter et de favoriser la rencontre et l'échange par la mise en œuvre de projets à caractère collectif dans les granges d'Armentiù. Elle souhaite par ses actions améliorer les rapports sociaux et culturels entre individus et générations, et participer au maintien du patrimoine architectural en moyenne montagne.

A partir de 1972 environ l’aspect réflexion, recherche s’estompe. Reste celui d’une vie en communauté la plus autogérée possible et les activités de montagne, d’entretien et d’amélioration progressive des granges rythment les séjours. Le goudronnage des tôles des toits, l’ouverture de la fenêtre de la cuisine, les terrasses devant la grange, l’amenée de l’eau depuis le torrent, la consolidation des pignons, le rejointoiement des murs, etc ...

Les premières années sont aussi celles d’une guéguerre avec les voisins du dessus, les scouts et leur chef charismatique Jean-Pierre DENIS, aujourd’hui décédé.
En bas on fait la fête, on se couche à pas d’heure, on n’a pas d’horaire, certains hissent le drapeau noir, quand en haut le lever se fait à heure fixe au son du clairon et la cérémonie du levé du drapeau tricolore se fait au garde à vous.
Le règlement scout y est appliqué strictement. Bref deux visions de la vie en société bien différente et des comportements de part et d’autre qui ont bien souvent exacerbés ces différences.
Heureusement aujourd’hui cela n’est plus que souvenir !

En 1989, se pose la question de la propriété de ces deux granges: le propriétaire légal est alors Claudy Bernard, le principal initiateur de l'aventure et le seul peut être au départ à être majeur (la majorité était à 21 ans). Il souhaite céder gratuitement la propriété des granges à l’association avec les conditions suivantes: lieu collectif et ouvert (pas de restriction d'individus, pas d'actes commerciaux, pas de groupes de pression) et sécurisation de la propriété des granges à l'association.
Après nombre de réunions, prises de tête, demandes de conseil à des spécialistes en législation des assos, à des notaires, ... décision est prise de créer un "conseil des sages" pour garantir que l'association restera propriétaire des lieux quelles que soient les évolutions et vicissitudes ultérieures.
En 1992, les statuts de l'association sont modifiés à cet effet et elle devient propriétaire des deux granges en 1994. Longue gestation avant le passage de témoin.
L'article 8 indique que le Conseil a droit de veto sur les modifications des statuts et sur l'aliénation du patrimoine.
L'article 9 précise que le Conseil n'exerce aucun pouvoir de gestion courante.

Le conseil des sages, c'est la ceinture de sécurité, le garde-fou pour empêcher toute intrusion de groupes extérieurs comme cela arrive parfois dans des associations qui ont des biens immobiliers mais aussi pour éviter toute dérive par rapport à l’esprit qui a procédé à la création de ce lieu dont Claudy BERNARD a été l’initiateur.
Ce Conseil des Sages est juste là pour garantir la propriété des deux granges et leur usage collectif.
Et c'est pour cela qu'il dort la plupart du temps: son job, c'est juste de se réveiller si tentative par une personne ou un groupe de s'approprier les granges ou si dérive vers un usage privé des lieux.

C’est pourquoi la suppression du Conseil des Sages, non seulement présente un risque mais constituerait aussi une rupture du contrat moral passé entre l’association et Claudy BERNARD dans le don gracieux qu’il a fait de la grange. Ce qui n’empêche pas de réfléchir à des évolutions sur le fonctionnement et les prérogatives de ce Conseil.